Marseille, le 05/02/2019

Un projet porté par les Professeurs Didier Raoult et Matthieu Million a montré que la bactérie Listeria monocytogenes était largement répandue dans le microbiote du lait maternel de femmes maliennes. 

La listériose est une maladie causée par la bactérie Listeria monocytogenes. C’est aujourd’hui la plus mortelle des maladies transmises par les aliments. Selon la plus grosse étude récente sur cette maladie en France (Cohorte MONALISA), cette maladie est encore active en France où au moins 820 cas ont été diagnostiqués entre 2009 et 2013. Dans cette étude, la mortalité des formes septicémiques était de 45%. Cette maladie fait l’actualité à Marseille, la bactérie ayant été retrouvée à l’AP-HM et ayant conduit à la fermeture des cantines de l’hôpital ces derniers jours.

Cette maladie est toujours particulièrement grave chez les femmes enceintes et les nouveaux nés en France. En effet, lorsqu’il y a infection, moins de 5% des grossesses arrivent à terme sans complication et plus de 80% des mères infectées présentent des complications fœtales ou néonatales majeures. De façon inattendue dans l’étude MONALISA, les mères nées en Afrique avaient un risque 3 fois plus important de faire une listériose que les mères qui n’étaient pas nées en Afrique.

Dans ce contexte, en cherchant à décrire la flore microbienne du lait des mères en bonne santé au Mali, les équipes de l’IHU Méditerranée Infection ont constaté que Listeria monocytogenes était détectable dans le lait de toutes les mères dont le microbiote du lait a été étudié (10/10).

La présence de Listeria monocytogenes viable dans le lait des mamans en Afrique pourrait être le sommet de l’iceberg : elle indiquerait une circulation active de la bactérie chez les humains en Afrique. Cela est tout à fait cohérent avec le sur-risque de listériose pendant la grossesse observé chez les mères nées en Afrique. Cela pourrait largement contribuer aux maladies de la grossesse (fausses couches) et à la mortalité infantile néo-natale. Cela pourrait aussi être associé à des séquelles neurologiques : ce serait alors un obstacle majeur au développement de certains pays d’Afrique.

Il faudrait maintenant élargir les recherches à toute l’Afrique : ce pathogène semble circuler largement dans le microbiote des mères africaines et menace des milliers de bébés africains. Les résultats de notre étude et de la cohorte MONALISA suggèrent que les autorités sanitaires internationales devraient enquêter et prendre en charge cet enjeu de santé publique majeur des pays en développement.

 

Références :

  1. Togo A, Dubourg G, Camara A, Konate S, Delerce J, Andrieu C, et al. Listeria monocytogenes in human milk in Mali: A potential health emergency. J Infect. In press. doi.org/10.1016/j.jinf.2019.09.008

Financé par le Programme Investissements d’Avenir, l’Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée Infection est un centre de recherche, de soin, de formation et de valorisation spécialisé dans la lutte contre les maladies infectieuses.  Il est dirigé par le Professeur Didier Raoult, microbiologiste le plus cité en Europe.

Les membres fondateurs de l’IHU Méditerranée Infection sont : Aix-Marseille Université, l’Assistance Publique Hôpitaux de Marseille, l’Institut de Recherche pour le Développement, le Service de Santé des Armées, la Fondation Mérieux, l’Etablissement Français du Sang et l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale.

L’IHU Méditerranée Infection a été bâti grâce à un soutien financier du Programme Investissements d’Avenir piloté par le Secrétariat Général à l’Investissement, du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER), de l’Agence Nationale de la Recherche, de la Région Provence Alpes Côte d’Azur, du Département des Bouches du Rhône, de la Métropole Aix-Marseille Provence et de la Ville de Marseille.

 

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